INTRODUCTION
Le Marula (Sakoadia en malgache) est un arbre présent naturellement et en abondance à Madagascar, en particulier dans l’Aire Protégée de la Montagne des Français, au Nord de l’ile. Cet arbre fruitier peut mesurer jusqu’à 18 mètres de haut et a de multiples vertus. Pourtant, le marula est victime du charbonnage par les populations avoisinantes qui ne voient dans cet arbre aucune autre source de revenus que le charbon. Hélas, mise en coupe de façon intense, la forêt de la Montagne des Français recule de 218 hectares par an et l’on ne connaît pas le taux de déforestation spécifique du marula.
LES OBJECTIFS DE L’ETUDE
C’est pourquoi Experts-Solidaires appuie un projet d’étude du marula, mené par le Service d’Appui pour la Gestion de l’Environnement (SAGE), le gestionnaire délégué de l’Aire Protégée, avec l’objectif d’identifier la valorisation potentielle de cette ressource pour mieux la préserver. Les objectifs sont les suivants :
- Identifier des zones potentielles de localisation de l’espèce
- Connaitre l’abondance relative de l’espèce
- Evaluer la capacité de régénération de l’espèce
- Connaitre le cycle phénologique et la saison de maturation des fruits
- Evaluer la capacité annuelle de production par saison
- Evaluer les risques écologiques et anthropiques
Trois villages limitrophes de l’aire protégée ont été identifiés grâce à des enquêtes communautaires et présentent un fort potentiel d’observation : les fokontany d’Ampandriakilandy, d’Andavakoera et d’Ivovona.
LE CONSTAT
Le bois du marula est souvent utilisé comme matière première à l’obtention de charbon de bois, principal mode de cuisson de la grande majorité de la population. Cette situation représente un danger pour l’espèce, ainsi que pour la flore et la faune associées. L’exploitation du marula pour le charbonnage entraine également une perte du couvert végétal et l’assèchement du milieu. L’autre grand fléau pour l’espèce est le défrichement et le brûlage subséquent des terres pour la création de nouvelles zones agricoles et de pâturage.
L’espèce a pourtant de nombreuses potentialités de valorisation : son huile est prisée en cosmétique, son fruit riche en vitamines, avec en particulier une teneur en vitamine C 2 à 3 fois supérieure à celle de l’orange, et son écorce et ses feuilles ont des propriétés antibactériennes. Les feuilles sont effectivement utilisées pour soigner les blessures légères et atténuer les piqures de scorpion, et l’écorce en décoction contre le mal de ventre. Le marula joue également un rôle essentiel dans le cycle de l’eau, la stabilisation, ou encore la fertilisation du sol.
Toutefois, ces usages sont largement méconnus de la population : si 80% des personnes interrogées connaissent les vertus médicinales du marula, moins de la moitié savent que l’amande est consommable. De même, les populations ne consomment pas les fruits qui sont généralement laissés aux chèvres et aux zébus, et ne semblent pas connaitre les autres utilisations du marula.
LES PRINCIPALES CONCLUSIONS
L’étude a permis de connaitre le taux de régénération du marula. Ainsi, s’il varie d’un site à l’autre, il reste inférieur à 100%, ce qui indique des difficultés à se régénérer naturellement et une disparition potentielle de l’espèce si le degré d’utilisation est élevé. En revanche, les graines ne participent pas (ou très peu) à la régénération naturelle de l’arbre, indiquant que l’exploitation des fruits n’aura pas d’incidence sur la durabilité de l’espèce.
De plus, le cycle phénologique du marula est désormais connu : pendant la saison sèche (de juin à septembre), le marula perd ses feuilles, qui repoussent entre octobre et décembre. Puis, au début de la saison des pluies, jusqu’au mois de février, la plante fleurit. La période de fructification commence, quant à elle, fin février et la phase de maturation vers la fin du mois de mars, jusqu’en mai. A partir de juin, la majorité des fruits est tombée et commence à pourrir au sol.
Des essais de valorisation ont également été menés et ont permis de tirer les conclusions suivantes :
- Les premiers essais de fabrication d’huile de marula se sont avérés concluants. Le processus de cassage du noyau et d’extraction de l’amande doit toutefois être optimisé et la transformation en huile améliorée. En effet, en raison du manque de savoir-faire des populations locales, le coût de revient de la fabrication est très important pour le moment : la fabrication d’un 1 litre d’huile est revenu à plus de 50€ et a duré 4 semaines. Toutefois, si le processus est amélioré, des pistes de commercialisation peuvent aboutir sur le marché local, voire international.
- La valorisation du tourteau en farine avec les restes issus du pressage des amandes peut être intéressante, en particulier en raison de l’augmentation du prix du blé. Ses propriétés nutritives s’avèrent aussi très utiles pour lutter contre la malnutrition.
- D’autres pistes de valorisations sont également intéressantes : le jus de fruit avec la pulpe, les briquettes de charbon avec les coques de noyau, etc. Ces transformations utilisent toutes des parties différentes du fruit de marula et sont donc complémentaires pour le valoriser dans son ensemble.
CONCLUSION
Les objectifs de l’étude ont été atteints : elle a permis d’identifier des axes de valorisation intéressants du marula, une espèce locale menacée, dans le but de promouvoir la gestion durable des ressources naturelles à travers l’appui aux filières émergentes.
Les sensibilisations ont permis d’informer sur tous les bienfaits de cet arbre et les populations locales seront à nouveau sollicitées par le SAGE l’année prochaine pour la récolte des fruits.
Les prochains objectifs des partenaires de ce projet sont :
- De faire analyser l’huile par un laboratoire français afin d’en connaitre les propriétés ;
- De trouver des partenaires afin de monter une chaine de valorisation locale.
Nous remercions tous nos partenaires opérationnels ainsi que notre partenaire financier, Génération Climat.